La troisième saison de la série américaine vient de sortir et Netflix peut se réjouir que les histoires de came et les assassinats de masse passionnent toujours autant les foules. Le crime est une matière si romanesque qu’il fait vendre partout dans le monde. La particularité de Narcos et ce qui fait sa force est sa fidélité à la réalité (à quelques exceptions près)* par le scénario, la ressemblance entre les acteurs et les personnages et les flashbacks historiques.
Un résultat passionnant et instructif concernant une période de l’histoire qui a marqué le monde entier puisqu’elle est en grande partie responsable de l’explosion de la consommation de cocaïne dans les années 80 jusqu’à sa démocratisation aujourd’hui. Mais en septembre 2017, peu après la sortie en France de la troisième saison, la réalité se confond véritablement avec la fiction puisqu’on commence à compter les morts (les vrais) du coté de la production. Et les menacent sont désormais prises très au sérieux.
Quand la réalité revient au galop
Carlos Munoz Portal, fixeur méxicain pour Netflix avait 37 ans lorsqu’il a été abattu dans sa voiture de plusieurs balles. C’était le 11 septembre et il effectuait des repérages dans une zone rurale de l’Etat de Mexico pour le tournage de la saison 4 de Narcos. Une zone où les chiffres de la criminalité donnent le vertige : 1174 homicides entre janvier et juillet, et 182 pour le seul mois de juillet. 1174 homicides entre janvier et juillet, et 182 pour le seul mois de juillet, vous avez bien lu. En 2016, par la violence des cartels de drogue, le Mexique a dénombré plus de morts que dans n’importe quel pays en guerre excepté la Syrie. Une réalité qui dépasse l’entendement, qui va plus loin dans la cruauté que le cinéma.
L’exécution de Carlos Munoz Portal est un fait divers que le frère de feu Pablo Escobar (personnage principal joué par Wagner Maniçoba Moura dans les deux premières saisons), Roberto de Jesus Escobar n’a pas tardé à instrumentaliser pour appuyer sa demande d’un milliard de dollars adressée en juillet 2016 à Netflix pour « usage non autorisé de contenu ».
Une action en justice aux airs d’extorsion mafieuse si l’on en croit les propos tenus par le frère de Pablo au magazine américain The Hollywood Reporter : « Si vous êtes intelligent, vous n’avez pas besoin d’arme. Dans le cas contraire, vous n’avez pas le choix. Mais alors, Netflix serait avisé de recruter des tueurs à gages pour protéger son personnel ».
Autrement dit, payez ou gare à vous.Juan Pablo Escobar, le fils du boss, Pablo mort le 2 décembre 1993, consacre dans son livre Pablo Escobar Mon Père qui vient d’être traduit en français, le premier chapitre à son oncle Roberto qu’il qualifie de traître.
Le 19 décembre 1993, ce dernier a été victime d’une tentative d’assassinat alors qu’il était incarcéré. L’enveloppe piégée lui causa de graves lésions ophtalmiques et abdominales. La femme de feu Pablo Escobar fait le nécessaire pour qu’il soit pris en charge par les meilleurs médecins du pays. Mais plus tard, Juan Pablo comprendra que Roberto a trahi son propre frère.
Il l’accuse d’avoir collaboré avec Los Pepes (Les Persécutés par Pablo Escobar), les ennemis de Pablo, suite à l’enlèvement de son fils Nicolas le 18 mai 1993. Il sait également qu’il a menti dans son livre Mon Frère Pablo dans l’intérêt de la DEA (Drug Enforcement Administration) en échange de visas américains. A 70 ans, le frère aîné de Pablo Escobar dont il était l’un des comptables sait toujours compter. L’exploitation de la vie de son frère coûte un milliard de dollars à Netflix.
Affaire à suivre…